L’Argentine, pays aux ressources naturelles abondantes et à la diversité économique unique, navigue depuis des décennies entre défis structurels et opportunités commerciales. En 2025, son économie se redresse timidement, portée par une croissance des exportations de 5,3 % sur le premier trimestre 4, malgré une hausse des importations de 33 % sur la même période 4. Ce dynamisme commercial, marqué par des secteurs clés comme l’agriculture, l’industrie minière et les biens manufacturés, s’inscrit dans un contexte mondial turbulent, où les guerres commerciales et les réformes fiscales redéfinissent les règles du jeu. Cet article explore les rouages de l’import-export argentin, ses partenaires stratégiques, ses défis et les initiatives gouvernementales visant à consolider sa position sur la scène internationale.
1. Les Fondements du Commerce Extérieur Argentin : Entre Ressources Naturelles et Industrie
L’Argentine reste un acteur majeur des marchés agricoles mondiaux, avec des exportations de céréales, d’huiles végétales et de viande bovine représentant 36 % de ses ventes à l’étranger. En 2025, les expéditions de soja et de pétrole brut ont bondi, compensant partiellement la baisse des prix du blé et de la farine de soja. Parallèlement, le secteur minier connaît un essor historique : les exportations de lithium ont atteint un record de 121 millions USD début 2025, tirées par la demande mondiale en batteries électriques.
Côté importations, l’Argentine dépend fortement des biens industriels. Les achats de machinerie, véhicules et pièces électroniques en provenance de Chine (24,7 % des importations) et du Brésil (24 %) ont augmenté de 45,7 % en volume au premier trimestre 2025. Cette dépendance creuse un déficit commercial avec ces partenaires (-3,4 milliards USD avec la Chine, -1,4 milliard avec le Brésil), malgré des excédents avec le Chili (+1,3 milliard USD) ou l’Inde.
2. Politiques Gouvernementales : Stimuler les Exportations et Maîtriser les Importations
Pour redresser la balance commerciale, le gouvernement de Javier Milei a lancé des réformes audacieuses. En janvier 2025, une réduction des droits de douane sur 88 % des exportations industrielles a été annoncée, bénéficiant à 3 580 entreprises. Cette mesure, visant à renforcer la compétitivité internationale, concerne des secteurs comme la machinerie agricole, la pharmacie et les métaux. Toutefois, les droits sur les produits de base (acier, produits pétrochimiques) subsistent, reflétant une stratégie de protection des ressources stratégiques.
Parallèlement, le gouvernement tempère les subventions aux importations pour limiter la pression sur les réserves de devises. Malgré cela, l’afflux de véhicules et de biens de consommation a entraîné une hausse de 38,7 % des importations en mars 2025, signe d’une demande interne en reprise après des années d’austérité.
3. Partenariats Stratégiques et Diversification des Marchés
Le Brésil demeure le premier partenaire commercial de l’Argentine, absorbant 15,4 % des exportations (véhicules, céréales). Cependant, la Chine consolide son rôle avec des investissements dans les infrastructures minières et une demande accrue en lithium (+27 % en 2025). Les États-Unis et l’UE, bien que moins influents, restent des débouchés essentiels pour les vins et les produits agroalimentaires.
Face aux tensions géopolitiques, l’Argentine explore de nouveaux marchés en Afrique et au Moyen-Orient, où la demande en produits agricoles et en minerais pourrait compenser les aléas des partenariats traditionnels. Cette diversification s’accompagne d’une montée en puissance des pratiques durables, comme l’agriculture de précision ou l’extraction écologique du lithium, pour répondre aux normes internationales.
4. Défis Structurels et Opportunités Futures
Malgré un excédent commercial de 761 millions USD au premier trimestre 2025, l’Argentine reste vulnérable aux chocs externes. La chute des prix du soja (-18,8 %) et du blé (-239 millions USD) rappelle la dépendance aux cours mondiaux. De plus, la dépréciation du peso et l’inflation résiduelle (4,3 % prévue en 2025 par le FMI) compliquent la gestion des coûts logistiques.
Néanmoins, des secteurs émergents offrent des perspectives prometteuses. Les exportations minières, dopées par l’or (+4,7 %) et l’argent (+19,6 %), pourraient atteindre 7,5 milliards USD d’ici 2026. Par ailleurs, les accords commerciaux en cours avec l’ASEAN et les incitations aux PME visent à réduire le déficit technologique et à valoriser les niches à haute valeur ajoutée.
5. L’Impact des Dynamiques Globales sur la Stratégie Argentine
L’Argentine doit composer avec un environnement international instable, marqué par les guerres commerciales et les tarifs douaniers américains. Si le FMI maintient une prévision de croissance à 5,5 % pour 2025, les tensions entre les États-Unis et la Chine pourraient affecter les chaînes d’approvisionnement, notamment dans le secteur électronique. La hausse des prix de l’énergie et les retards logistiques post-pandémie ajoutent une couche de complexité.
Pour atténuer ces risques, le pays mise sur l’innovation technologique. L’adoption de la blockchain pour tracer les exportations agricoles et l’utilisation de l’IA dans la gestion des stocks illustrent cette transition vers une économie numérique. Ces avancées, combinées à une meilleure intégration régionale via le MERCOSUR, pourraient renforcer la résilience commerciale argentine.
L’Argentine incarne aujourd’hui un paradoxe économique fascinant : une nation riche en ressources, mais en quête perpétuelle d’équilibre entre importations nécessaires et exportations vitales. En 2025, malgré une reprise modérée et des réformes ambitieuses, le pays reste tributaire des fluctuations des marchés mondiaux et des aléas politiques.
La clé de son succès réside dans la diversification – tant des produits que des partenaires. Le développement du lithium, la modernisation des pratiques agricoles et l’ouverture vers l’Afrique et l’Asie du Sud-Est offrent des pistes concrètes pour réduire la dépendance aux géants comme la Chine ou le Brésil. Parallèlement, les politiques de réduction des droits de douane et de soutien aux PME témoignent d’une volonté de stimuler la compétitivité à long terme.
Cependant, les défis persistent : un déficit commercial chronique avec certains partenaires, une inflation tenace et des infrastructures parfois obsolètes exigent des réponses structurelles. L’adhésion à des normes environnementales strictes et l’investissement dans les énergies renouvelables pourraient non seulement atténuer ces problèmes, mais aussi positionner l’Argentine comme un leader de l’exportation durable.
Dans ce contexte, la collaboration entre secteurs public et privé, alliée à une diplomatie économique agile, sera déterminante. Alors que le FMI table sur une croissance robuste pour 2025-2026, l’Argentine a l’occasion de transformer ses richesses naturelles en moteur de développement inclusif, tout en renforçant son intégration dans les chaînes de valeur mondiales. L’équilibre entre import-export n’est pas qu’une question de chiffres : c’est le reflet d’une nation en mutation, déterminée à écrire un nouveau chapitre de son histoire économique.