Le Brésil : un géant du commerce international entre défis et opportunités

Avec une économie de 1 920 milliards de dollars en 2022 et une population de 215 millions d’habitants, le Brésil s’impose comme un acteur incontournable du commerce international. En 2024, son excédent commercial atteint 74,6 milliards de dollars, soit 3,3 % du PIB, grâce à des exportations dynamiques de matières premières et une demande interne soutenue pour les importations de produits manufacturés. Cependant, le pays doit composer avec des barrières tarifaires élevées, des tensions géopolitiques et une dépendance aux fluctuations des marchés globaux. Cet article explore les dynamiques de l’import-export brésilien, ses partenariats stratégiques, et les défis à relever pour consolider sa position sur l’échiquier mondial.

1. Exportations brésiliennes : la domination des matières premières

Le Brésil reste un poids lourd des exportations de produits primaires. En 2024, les activités extractives (pétrole, minerai de fer) représentent 28 % des ventes à l’étranger, suivies par l’agroalimentaire (20,5 %) et l’agriculture non transformée (20 %). Le pétrole brut, devenu le premier produit d’exportation (44,8 milliards de dollars), a supplanté le soja, victime d’une mauvaise récolte en 2024.

La Chine demeure le principal client, absorbant 28 % des exportations, notamment en soja (33 %), pétrole (21 %) et minerai de fer (21 %). Toutefois, sa part dans l’excédent commercial brésilien a chuté de 51,7 % en 2023 à 41,3 % en 2024, signe d’une diversification progressive vers les États-Unis (12 % des exportations) et l’Union européenne (14,3 %).

2. Importations : une dépendance aux produits transformés

Les importations brésiliennes, en hausse de 9 % en 2024 (262,4 milliards de dollars), sont majoritairement composées de produits manufacturés (91 %). Le pétrole raffiné (6,4 %) et les engrais (5,7 %) dominent, avec la Chine comme premier fournisseur (24,2 %), suivie des États-Unis (15,4 %) et de l’Allemagne (5,2 %).

La demande croissante en équipements technologiques (panneaux solaires, turbines) reflète les besoins d’un marché intérieur dynamique, mais expose le pays aux aléas des chaînes d’approvisionnement mondiales. En 2025, la dépréciation du real (-24,5 % face au dollar en 2024) pourrait freiner les importations, tout en stimulant la compétitivité des exportations.

3. Accords commerciaux : entre ambitions et réalités

Le Brésil, membre fondateur de l’OMC, mise sur le Mercosur pour négocier des accords régionaux. Le récent Partenariat Mercosur-UE, finalisé en décembre 2024, couvre 720 millions de consommateurs et un PIB combiné de 20 000 milliards de dollars3. Cet accord, axé sur la réduction des barrières douanières, pourrait booster les exportations agroalimentaires brésiliennes vers l’Europe, malgré des tensions persistantes sur les normes environnementales.

Cependant, le retrait brésilien de l’Accord sur les marchés publics de l’OMC en 2023 sous l’administration Lula illustre un virage protectionniste, avec des hausses tarifaires sur les produits sidérurgiques et chimiques. Une stratégie qui risque de compliquer les négociations avec des partenaires comme le Canada ou la Corée du Sud, toujours en suspens.

4. Défis structurels et opportunités futures

Malgré un excédent commercial record, le Brésil affiche un déficit courant de 2,6 % du PIB en 2024, alimenté par les rapatriements de dividendes des multinationales (-75,4 milliards de dollars). Les investissements directs étrangers (IDE), notamment dans l’énergie et les infrastructures (59,2 milliards de dollars en 2024), restent cruciaux pour combler ce gap.

Les perspectives 2025-2026 sont mitigées : une croissance de 2 % est attendue, portée par la reprise agricole, mais freinée par des taux d’intérêt élevés (15 %) et des tensions commerciales sino-américaines. Le gouvernement Lula mise sur des programmes sectoriels (logement, énergie verte) pour relancer l’industrie locale et réduire la dépendance aux importations.

Le Brésil incarne à la fois la puissance et les paradoxes d’une économie émergente. Sa balance commerciale excédentaire, dopée par les matières premières, masque une vulnérabilité structurelle aux chocs externes, qu’il s’agisse des conflits commerciaux ou des aléas climatiques. La diversification des partenariats – avec un regain vers l’UE et un ancrage renforcé en Chine – apparaît comme une nécessité pour pérenniser sa croissance.

Toutefois, les défis internes persistent : un taux d’ouverture de 26,4 % en 2024, bien en deçà de la moyenne des pays de l’OCDE (49,4 %), souligne une économie encore trop fermée. Les réformes fiscales et la modernisation des infrastructures s’imposent pour attirer les IDE et valoriser les filières industrielles. Enfin, dans un contexte global marqué par le protectionnisme, le Brésil devra équilibrer soutien à l’industrie locale et ouverture stratégique, afin de transformer son potentiel en leadership durable sur la scène du commerce international.

Retour en haut