Avec ses ports stratégiques, ses infrastructures logistiques de pointe et une économie ouverte, les Pays-Bas se positionnent comme l’un des acteurs majeurs du commerce mondial. Ce petit pays, souvent surnommé la « porte d’entrée de l’Europe », génère plus des deux tiers de son PIB grâce aux échanges internationaux, selon les données de la Banque mondiale. En 2025, les exportations néerlandaises devraient atteindre 69,9 milliards d’euros ce trimestre, tandis que les importations progressent sous l’effet d’une demande soutenue en produits chimiques et agroalimentaires. Mais au-delà des chiffres, les Pays-Bas incarnent un modèle unique, alliant tradition marchande et innovation, notamment dans les secteurs de l’énergie verte et des technologies numériques. Cet article explore les rouages de cette économie tournée vers l’import-export, ses défis et ses opportunités, à l’aube d’une année 2025 marquée par une coopération renforcée avec la France.
1. Les Fondements d’une Économie Axée sur l’Import-Export
Les Pays-Bas tirent leur richesse historique de leur position géographique et de leur expertise logistique. Rotterdam, le plus grand port d’Europe et troisième mondial, traite 465 millions de tonnes de marchandises annuellement, faisant du pays une plaque tournante pour les réexportations vers l’hinterland européen. En 2023, 40 % des exportations totales étaient des réexportations, principalement de biens asiatiques et américains 4. Cette activité génère un excédent commercial structurel, atteignant 129 milliards d’euros en 2023 malgré un ralentissement des échanges mondiaux.
Les secteurs clés incluent :
- Machines et équipements (28 % des exportations),
- Combustibles minéraux (23 %),
- Produits agroalimentaires (11 %), notamment les fleurs et plantes, où le pays est leader mondial.
L’Allemagne reste le premier partenaire (24,2 % des exportations), suivie de la Belgique (11,6 %) et de la France (8,1 %).
2. L’Agroalimentaire : Un Pilier des Exportations Néerlandaises
Le secteur agroalimentaire illustre parfaitement la capacité des Pays-Bas à conjuguer innovation et performance à l’export. En 2023, les denrées alimentaires ont contribué à 32 milliards d’euros d’excédent commercial, en hausse de 12 %. Malgré une superficie limitée, le pays est le deuxième exportateur agricole mondial, derrière les États-Unis, grâce à une agriculture intensive et technologiquement avancée.
Les exportations de produits comme les laitages, les légumes sous serre ou les semences représentent 22,9 % des ventes vers la France, soulignant l’interdépendance des économies européennes. En février 2025, les exportations agroalimentaires ont encore progressé de 9,3 %, tirées par la demande asiatique et européenne.
3. Importations et Dépendance Énergétique : Les Défis d’une Économie Ouverte
Si les Pays-Bas exportent massivement, leurs importations révèlent aussi des vulnérabilités. En 2023, 29 % des importations concernaient les combustibles, malgré la production locale de gaz naturel 6. Le pays dépend fortement de la Chine (16,4 % des importations) et des États-Unis (10,4 %) pour les machines et produits high-tech.
La crise énergétique post-2022 a accentué cette dépendance, avec une hausse des coûts du gaz et une baisse de la production nationale. Toutefois, les importations de pétrole brut ont reculé de 7,2 %, reflétant une transition vers les énergies renouvelables.
4. La France et les Pays-Bas : Un Partenariat Stratégique
2025 marque un tournant dans les relations bilatérales avec le lancement de l’Année Économique France-Pays-Bas. Initiée lors de la visite d’Emmanuel Macron en 2023, cette initiative vise à renforcer les collaborations dans les transitions écologique et numérique, l’hydrogène vert et la sécurité économique.
Parmi les événements clés :
- Le World Hydrogen Summit à Rotterdam (mai 2025), avec un Pavillon France dédié aux innovations énergétiques.
- Des rencontres sectorielles sur l’agroalimentaire et l’IA à Amsterdam, favorisant les synergies entre startups françaises et entreprises néerlandaises.
Malgré un déficit commercial français de 8,4 milliards d’euros en 2023, les investissements croisés restent dynamiques, avec 1 030 entreprises néerlandaises opérant en France dans la logistique, la chimie ou la distribution.
5. Import-Export et Défis Futures : Digitalisation, Brexit et Transition Écologique
Les Pays-Bas font face à plusieurs défis pour maintenir leur leadership :
- Digitalisation : Le pays investit massivement dans l’IA et les chaînes d’approvisionnement intelligentes, avec un focus sur les services aux entreprises (34 % des exportations de services en 2023).
- Brexit : Bien que le Royaume-Uni reste un partenaire clé (6,3 % des exportations), les formalités douanières ont complexifié les échanges, entraînant un recul des volumes en 2023.
- Transition écologique : Les objectifs de réduction des émissions d’azote menacent l’agriculture intensive, tandis que le pays accélère dans l’hydrogène et l’éolien offshore.
Les Pays-Bas incarnent une économie résiliente et innovante, où l’import-export n’est pas simplement un moteur de croissance, mais une véritable culture. Alors que le commerce mondial fait face à des tensions géopolitiques et des mutations énergétiques, le pays mise sur sa capacité d’adaptation et ses alliances stratégiques, comme en témoigne l’Année Économique avec la France.
Cependant, les défis persistent : vieillissement de la population, endettement des ménages (185 % du revenu disponible en 2023), et dépendance aux réexportations. Pour rester compétitif, le pays devra renforcer sa transition vers une économie décarbonée, tout en capitalisant sur ses infrastructures logistiques et son écosystème numérique.
Les entreprises françaises souhaitant s’implanter aux Pays-Bas trouveront un terreau fertile, notamment dans les secteurs de l’agroalimentaire, de l’énergie verte et des technologies. Avec un excédent commercial prévu à 13 500 millions d’euros d’ici 2026, les Pays-Bas restent un partenaire incontournable, alliant tradition commerciale et vision avant-gardiste.